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PROPOS JAPONAIS

aujourd’hui, refoulés un peu vers le nord de l’île. La variété et les mœurs de cette population ne sont pas non plus sans intérêt.

On y compte généralement quatre peuplades distinctes : les Ainos, les Guiliaks, les Orocks, et les Tomgouses. Les Ainos, les mêmes que ceux du Hokkaido, sont probablement les plus anciens parmi les indigènes de l’île. D’où viennent-ils ? Il est difficile de le savoir ; on en est réduit sur ce point à de simples conjectures. En tout cas, ils ne sont pas de race jaune. Ils sont plutôt bruns. Le front, les yeux, le nez, sont tout à fait comme chez les blancs. Ils ont la barbe très abondante et généralement noire. Les femmes se tatouent la lèvre supérieure d’une formidable moustache avec des crocs relevés d’une façon fantaisiste. Les Ainos sont assez intelligents et très industrieux. Ils fabriquent de la toile en fils d’orties et l’ornent de dessins assez originaux ; ils pratiquent aussi le dessin sur bois, et les résultats qu’ils obtiennent ne sont pas sans mérite artistique.

Différents sont les Guiliaks. Ceux-ci appartiennent à la famille des Mandchoux et sont originaires de la région de l’Amour. Ils sont, par conséquent, de race jaune ; tête ronde, visage plat, yeux très foncés, cheveux noirs et luisants, mais peu de barbe. Hommes et femmes portent des costumes semblables, de sorte qu’ils sont, au premier abord, assez difficiles à distinguer. Les hommes cependant portent la natte (couette) ; les femmes au contraire, laissent leurs cheveux en liberté. Les Guiliaks s’exercent aussi au dessin sur bois, mais leur travail est plus grossier. En revanche, ils aiment et cultivent le chant, et parfois l’expression de leurs sentiments touche réellement à la poésie. Quant à la toile, ils ne savent