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OBSTACLES À LA CONVERSION DU JAPON

Enfin les difficultés personnelles du missionnaire sont encore un obstacle au progrès de la religion catholique en ce pays.

Parmi ces difficultés, il y a d’abord celles de la langue. Le japonais est particulièrement complexe. Outre l’étude des caractères, qui exige le travail assidu de presque toute la vie, outre les divergences considérables des styles sacré, historique, poétique et épistolaire, il y a encore le problème du style parlé. Non pas que les règles grammaticales soient compliquées — les Japonais, comme les Chinois, n’ont pas de grammaire. — La grande difficulté consiste dans la manière et l’ordre d’exprimer les idées : le génie japonais est à l’antipode du génie des autres peuples.

Une autre difficulté de la langue est le nombre incalculable des mots synonymes. Le japonais en contient une si grande variété que les gens de diverses contrées du pays, se comprennent difficilement les uns les autres.

Ajoutons encore la particularité de la prononciation, dont il faut tenir un compte scrupuleux, si l’on veut éviter les amphibologies fâcheuses, auxquelles donne souvent lieu la grande ressemblance des mots entre eux.

Pour ces raisons, le missionnaire ne peut se familiariser suffisamment avec le japonais qu’après dix ans environ d’étude assidue et de pratique constante. Quant à passer littérateur, il ne peut guère y prétendre. Toujours il aura besoin d’un Japonais pour corriger ses manuscrits.

Se plier volontiers et heureusement à toutes les habitudes légitimes de ce pays, est aussi un grand problème. Le missionnaire a reçu chez lui une éducation tout autre. Assurément les principes d’éducation restent les mêmes