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PROPOS JAPONAIS

Depuis que les Japonais ont commencé à se passionner pour l’étude et à prendre contact avec la science moderne, ils se sont habitués à considérer tous les étrangers venus au Japon, comme des savants et comme des maîtres. Il y a quelques années, paraît-il c’est ainsi qu’on les appelait, lorsqu’on les voyait passer dans la rue, et c’est comme tels qu’on les saluait par une profonde inclination de corps. Encore aujourd’hui, surtout dans les villes intellectuelles comme Sapporo, on entend parfois, sur son passage, des petits enfants se dire entre eux, sur un ton de voix visiblement modéré par un sentiment d’admiration et de respect : Sensei ! voici des professeurs ! et plus souvent encore on est, à ce titre, l’objet de leurs révérences.

Professeurs, les missionnaires le sont d’ailleurs à peu près continuellement. On vient auprès d’eux, se faire enseigner les langues : l’anglais, le français, l’allemand, et même le latin.

Jusqu’ici, il est vrai, il est relativement facile d’être à la hauteur de la tâche — excepté, peut-être, les cas où l’on vient demander des leçons de musique instrumentale : ce qui arrive aussi, au grand embarras des missionnaires qui ne sont pas artistes. — La position est plus sérieuse encore, lorsqu’on rencontre de ces Japonais qui ont déjà pris contact, hélas ! avec des doctrines hérétiques, rationalistes, matérialistes et qui viennent, par exemple, nous demander des éclaircissements sur les sources documentaires de la Bible (sic.)

Assurément ce sont là des cas isolés. Le niveau intellectuel général est encore bien inférieur à celui de l’étranger ; ce qu’il y a de retentissant, ici, sur ce point, et ce qui fait bruyant écho à l’extérieur du pays, c’est