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MOYENS D’APOSTOLAT

moins la vraie science et la réelle culture intellectuelle que l’élan général vers l’acquisition de la science. Cependant, si rares soient-ils, ces cas sont quand même gros de conséquences. Ils démontrent que de plus en plus l’esprit japonais se développe et se meuble ; ils font constater que cet élan général est loin de rester stérile, qu’il est au contraire très sérieux, très tenace et très persévérant.

Le grand mal réside dans le choix des sources auxquelles on puise. L’esprit païen, tout naturel et tout terre-à-terre, ne comprend rien à la vraie et pure science, telle que la possède seule la sainte Église ; au contraire, il trouve une facile pâture dans les théories maladives du matérialisme, dont l’originalité excentrique et spécieuse constitue pour lui un gage suffisant de consistance et de vérité.

Or c’est ici que doit intervenir le rôle du missionnaire, seul représentant authentique de la vérité en ce pays. Il doit profiter de toutes les occasions pour dresser devant cette vague montante des erreurs de l’esprit, la digue indestructible des principes de la science catholique. Serait-ce donc excessif de dire que le missionnaire, au Japon, doit être un savant ?

Ce n’est pas tout. Il doit avoir encore de grandes qualités morales, surtout la patience. Cette vertu, ici, est même un moyen indispensable de succès.

Les Japonais sont très patients, non par vertu mais par fierté. Ils ont été ainsi formés par le confucianisme, venu au Japon en même temps que le bouddhisme, c’est-à-dire, vers 554 de notre ère. Cette doctrine fut accueillie avec empressement au Japon ; et Confucius (en japonais Kôshi) est encore de nos jours en haute estime et en grande