Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
226
PROPOS JAPONAIS

un contre-coup extrêmement sensible dans la formation intellectuelle et disciplinaire des jeunes clercs.

Or l’établissement d’un clergé indigène en pays infidèle exige une formation tout particulièrement solide, à cause de l’atmosphère néfaste et dissolvante au milieu de laquelle il est appelé à vivre. S’il n’a pas une science suffisante et une vertu éprouvée, son prestige est nul et son succès est presque irrémédiablement compromis.

Quel inappréciable service ne rendraient pas, par conséquent, des instituts de prêtres éducateurs, qui viendraient au Japon fonder et soutenir des collèges classiques et des grands séminaires, se consacrant exclusivement à cette œuvre importante et si nécessaire ! D’ailleurs, ce ne sont pas les vocations qui manquent. Celles-ci sont relativement nombreuses, surtout parmi les anciens chrétiens, dont les ancêtres ont conservé le dépôt sacré de la foi durant 200 ans, malgré la persécution et malgré l’espionnage incessant dont ils furent les objets. Ces chrétiens ont été formés à l’héroïsme, et même aujourd’hui, ils n’hésiteraient pas à mourir pour leur foi. Ensuite, ils possèdent le véritable esprit chrétien tel qu’on l’admire dans les pays depuis longtemps catholiques. Pour cette raison, on les distingue facilement d’avec les nouveaux chrétiens, la grâce les ayant véritablement transformés au cours des siècles. Ces âmes fortes sont donc toutes préparées au sacrifice de la vie sacerdotale et même religieuse. Il ne leur manque que des éducateurs et des maîtres.

Outre des prêtres indigènes il faut aussi des catéchistes. Leur aide est également requise pour la formation des chrétiens et pour la conquête des catéchumènes.