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et une chapelle provisoire. La plus mémorable est celle dite de la Découverte. C’est dans cette église, en effet, que, en 1865, M. Petit-Jean, plus tard évêque de Nagasaki, reçut de plusieurs personnes, venues pour visiter l’église, l’aveu qu’elles-mêmes étaient catholiques et qu’un grand nombre d’autres l’étaient aussi à Urakami et en d’autres endroits.

Urakami est aujourd’hui une paroisse de 7 000 chrétiens et possède une magnifique église, la plus grande de tout le Japon. Pour la commodité des fidèles, le dimanche et les jours de fête on y dit trois messes à des heures distinctes. M’étant trouvé là un dimanche, j’ai eu le bonheur d’y dire la sainte messe, à l’heure où d’ordinaire l’assistance est la plus considérable. De fait, 3 000 personnes, à peu près, se pressaient dans la nef. Quel spectacle touchant, et qui ne se voit au Japon, en nul autre endroit, peut-on dire ! Quelle puissance dans la récitation des prières, faites à haute voix ! Dans cette église, il n’a, pour s’asseoir, ni banc ni chaise ni même de nattes. Le célébrant ne peut suffire à donner seul la sainte communion : pour ne pas retarder la fin de la messe, il faut qu’il soit aidé par d’autres prêtres.

Dans l’après-midi, à la bénédiction du T. S. Sacrement, la foule est encore nombreuse. Avant l’heure marquée, on peut voir dans les sentiers de la montagne, de tous côtés, des petits groupes qui s’acheminent religieusement vers l’église, et à mesure qu’ils s’approchent, les avenues regorgent de pieux pèlerins. Le chant à l’église est exécuté avec puissance et entrain. Mais hélas ! si au lieu de ce misérable harmonium, placé dans un des bas-côtés, d’où ne part qu’un faible son, aussitôt couvert par le chant de la foule, on avait un grand orgue, digne