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intéressée. Pour recevoir le cadeau, celle-ci fait une inclination profonde ; puis, prenant l’objet des deux mains, elle l’élève d’un gracieux mouvement à peu près à la hauteur des yeux, en exprimant avec effusion sa reconnaissance. D’ailleurs, toujours on reçoit un objet des deux mains croisées l’une sur l’autre et on l’élève ainsi en le recevant.

Quant à la manière de porter un objet, on l’enveloppe dans un fichu, dont tout Japonais possède plusieurs, variétés. Et ceci, on l’observe scrupuleusement pour tout objet, même pour une emplette faite dans un magasin, même pour une sacoche. Surtout, on porte cet objet sur le bras, et non sous le bras, et ceci est encore très gracieux.

Dans le langage, la politesse japonaise n’est pas moins admirable. Les termes polis, les tours délicats et les formules de respect sont d’une variété et d’une richesse incroyables. Je ne sais s’il existe une autre langue où les termes polis jouent un aussi grand rôle. En tout cas, en japonais, ce rôle va si loin, qu’il n’y a guère d’autre manière de déterminer les personnes. Celles-ci, en effet, dans la phrase japonaise, ne se désignent pas, comme dans beaucoup d’autres langues, par les diverses desinences d’un même verbe, mais par des verbes ou autres mots différents. Tel verbe poli, par exemple, ne s’emploie que pour la personne à qui l’on parle ou de qui l’on parle, si celle-ci est une personne de dignité plus grande que celui qui parle. La personne qui parle, au contraire, si elle le fait d’elle-même ou