Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/36

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Un autre fait qui se présente souvent pour le missionnaire, c’est celui-ci. Il va dans les maisons païennes, rendre visite à des personnes avec lesquelles il entretient des relations, dans l’espoir de les amener peu à peu au catholicisme. Or, on le reçoit avec l’empressement le plus marqué, avec la joie la plus visible, même avec les termes d’Auguste Père, Shimpu Santa ; en un mot l’accueil ne saurait être, apparemment du moins, plus affable et plus bienveillant. Entame-t-il, après quelque temps, des sujets de religion, on écoute avec respect et admiration, on questionne avec intérêt, on demande même humblement d’être admis dans une religion aussi raisonnable et aussi sainte et on promet spontanément de venir à l’église catholique assister aux offices religieux ; bref, apparemment, on ne saurait rencontrer de docilité plus modeste et plus souple. Cependant, en réalité il n’en est rien ; cet hôte, si aimable, n’attend peut-être pas même au lendemain pour oublier et ce qu’il a entendu et ce qu’il a promis ; en tout cas, il ne paraît jamais à l’église. Il existe heureusement un bon nombre d’âmes mieux disposées, que la grâce divine touche efficacement et qui ont assez de courage pour se convertir. Mais le fait ci-dessus reste, hélas ! journalier et démontre avec quel art incroyable les Japonais savent dissimuler.

Si courtoise et si obséquieuse soit-elle, la politesse japonaise n’est donc que tout extérieure. C’est un vernis riche et brillant qui recouvre d’insaisissables sentiments. Il est donc bien vrai que le paganisme,