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doublé d’une aimable révérence, un large coussin, appelé zabuton et préparé tout exprès : « Bien ! dit-il, venez donc par ici » — « J’ai le plaisir de vous remercier, répond le visiteur. » Puis s’agenouillant sur le coussin : « Veuillez m’excuser », ajoute-t-il.

Immédiatement paraît la femme de la maison qui, à son tour, souhaite la bienvenue au visiteur, puis discrètement prépare le service du thé, tandis que la conversation se poursuit entre l’hôte et son visiteur.

Cette préparation du thé est aussi fort intéressante et fait partie du cérémonial de la visite. De l’eau est d’abord chauffée dans une bouillotte, sur le feu de charbon de bois qui brûle incessamment dans la maison. Lorsque cette eau commence à bouillir, on découvre la bouillotte pour en laisser échapper, durant quelques instants, la vapeur trop abondante, puis on remplit la théière dans laquelle on a déjà introduit les feuilles de thé.

Alors tout est prêt pour le service. On verse le thé dans de minuscules tasses, en les remplissant par petites doses distribuées à tour de rôle dans chacune. Bientôt, on présente une tasse au visiteur, non pas en la lui offrant, dans la main, mais en la plaçant devant lui par terre, ou bien en la lui tendant sur un plateau, appelé bon, et ceci, avec une révérence toujours gracieuse, et avec une formule qui révèle autant de modestie que de noblesse : « S’il vous plaît, veuillez accepter de ce thé : il est bien pauvre ; cependant daignez nous faire l’insigne honneur d’en prendre une tasse. » — « C’est bien, fait le visiteur avec une inclination, je vous remercie. Je vais le prendre. » Cependant il se garde bien de le boire immédiatement. Il attend une seconde, puis une