Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/71

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sons japonaises, dans la construction desquelles on n’a ménagé le bois que pour le remplacer par du papier, sont, on le devine, une proie facile aux flammes. Il y a tout de même un immense avantage à ce genre de construction, en cas d’incendie. D’abord, bien rarement des pertes de vie, car les maisons n’ayant, d’ordinaire, qu’un étage, les habitants ont vite fait de fuir au dehors. Ensuite, lorsqu’on opère le sauvetage du mobilier, on enlève tant de pièces à la maison même que, vraiment, je crois qu’on pourrait encore sauver la maison elle-même. On enlève littéralement tout ce qui peut s’enlever : portes, cloisons, nattes, rien ne reste, sinon le toit, les murs et le plancher. Si donc la maison brûle, le propriétaire perd relativement peu de chose, et le locataire, rien du tout ; il en résulte, pour ce dernier l’inconvénient d’aller, avant de trouver un gîte, faire une promenade d’une ou deux semaines ; alors il pourra revenir et habiter une maison neuve, construite sur l’emplacement de la première.

Cependant, il ne faut pas croire que ce sont les pompiers qui opèrent le sauvetage, en cas d’incendie : les pompiers, au Japon, ne se dérangent jamais pour sauver les maisons qui flambent ; tout au plus se dérangent-ils pour sauver celles qui peuvent flamber. Ils sont toujours les derniers arrivés sur le lieu du désastre. Mais une fois là, ils font rude et hardi travail. Agiles et souples, ils bondissent sur les toits branlants, résistent courageusement à la fureur du feu et ne se retirent que lorsque tout doit crouler sous leurs pieds. Ils sont d’une bravoure et d’une présence d’esprit admirables. Leur chef donne ses ordres au son du clairon, et c’est quelque chose de pathétique d’entendre cette