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CHAPITRE DEUXIÈME.
Valeur abstraite de Haurvatât et d’Ameretât.
I.

§ 12. Les quatre premiers Amshaspands ont chacun deux attributs, l’un matériel, l’autre abstrait qui leur donne leur nora (§l). D’ailleurs entre ces deux attributs, nul rapport, au moins apparent. Quand l’analyse grammaticale et les textes nous ont appris que Bahman est le dieu des Bonnes Pensées (Vohu manô), il est impossible de deviner par cela seul qu’il est encore le dieu qui veille à la conservation des troupeaux (gavâni paçûnâm patim^^1) ; il n’est pas moins difficile de comprendre connnent Sapendomand, déesse de la Piété Sainte (Çpefita ârmaiti) a pu passer au rôle de maîtresse de la terre (pṛthivîpatim^^1). Mais une chose évidente de soi, c’est que l’attribut abstrait est ici antérieur à l’attribut matériel ; c’est que Vohu-manô, le Bon Esprit, a été le dieu des Bonnes pensées, Θεὸς εὐνοίας (Theos eunoias)^^2, avant d’être le dieu des troupeaux ; c’est que Çpenta ârmaiti, la Piété Sainte, a été Θεὸς σοφίας (Theos sophias)^^3 avant d’être déesse de la terre. Le Mazdéisme, suivant ici une marche contraire à celle des autres religions, a passé de l’abstrait au concret, de l’attribut moral à l’attribut matériel. Comment s’est lait ce passage, ce n’est pas ici le lieu de l’examiner : mais nous sommes naturellement amenés à nous demander si les deux derniers Amshaspands ont été dès l’origine ce qu’ils sont aujourd’hui, des dieux concrets. Sont-ils, contrairement à leurs collègues, entrés de plain-pied dans la vie matérielle, ou bien ont-ils comme eux débuté par l’abstraction ? — À l’analyse de leurs noms à nous répondre.

§ 13. Commençons par Amer et ai dont le nom offre moins de difficulté. Ameretât, ou mieux, en prenant la forme pleine du mot,

1. Neriosengh, 1, 5.

2. Plutarque. Traité d’Isis et d’Osiris, xlvii.

3. Id., ibid.