Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/28

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ameretatât^^1, se décompose en amereta-tât ; amereta, c’est-à-dire a-mereta signifie non mortuus ; le suffixe tât forme des substantifs abstraits : ameretât signifie donc τὸ μὴ θνήσϰοντα εἶναι (to mê thnêskonta einai). Nous le traduirons l’immortalité ou mieux le non-mourir ; le sens spécial que le premier mot a chez les modernes exposerait au danger de limiter d’une façon arbitraire le sens du terme zend. Le mot immortalité éveille chez nous l’idée d’une vie éternelle et céleste succédant à une vie passagère et terrestre ; or le terme zend, dans sa valeur étjmologique, nous donne un sens plus général et moins précis ; il marque simplement l’absence de la mort, sans y joindre aucune notion de lieu ; il marque la durée indéfinie de la vie, en quelque lieu qu’elle se prolonge, soit sur terre, soit dans la félicité du Behesht. Les textes seuls et le contexte peuvent nous apprendre s’il marque la vie éternelle, ou la longue vie, car il peut marquer la seconde aussi bien que la première. Et en fait, quand le Yaçna nous apprend que Yima, sous son règne, rendit immortels les troupeaux et les hommes, que tant qu’il régna, il n’y eut ni vieillesse, ni mort, il ressort de là clairement que l’immortalité peut n’être que le recul indéfini de la mort^^2.

§ 14. Haurvatât se décompose en haurva-tât.

Le mot zend haurva ( sanscrit sarva) a quatre sens différents^^3 :

1°. Comme second terme d’un composé, haurva signifie gardien ; eiL. : paçus-haurva, (chien) qui garde le troupeau ; i ;z5haurva, chien qui garde la maison. Haurva suppose une racine har, garder, conserver, laquelle subsiste dans la langue et a donné hare-tar, conservateur ; hare-thra, secours ; lii-shar~ô (*si-sar-ô), qui désire conserver, et la forme verbale redoublée ni-sha~nhar-atû (*ni-sa-sar-atu) qu’il conserve. Haurva suppose une forme primitive sarva ; le sanscrit sarva n’offre point

1. Yç., 56, 10, 4 ; Yt, 2, 8.

2. Yaçna, 9, 15. Kerenaot anhè khsathrât amereshiñta paçnvîra : …. noït zaurva àowlia not merelhyus ... yavuta klisliayôi/ livàtlnvô Yimô. — Selon le Minôkhired, cette immortalité était de 300 ans (voir la Grammaire Parsie de M. Spiegel, pp. 141 et 171). De même dans les Védas, êre immortel et prolonger sa vie sont deux expressions équivalentes et dont le contexte seul peut préciser le sens. Voir plus bas § 26 les vers védiques daxinâvanto... etc.

3. Voir l’étude de M. Benfey sur le mot Sarvatâti (Orient und Occident III). Cf. les Mém. de la Soc. de Linguistique de Paris, II, p. 309 sq.