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Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/157

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VI. — LE COBLENTZ MUSULMAN

tra la bande désespérée à Balakot : elle lutta jusqu’à la mort. « Les Houris vinrent en toute hâte lui apporter la coupe du martyre : que le Seigneur lui ouvre en plein le Paradis ! » Chir Singh fit ensevelir le cadavre du Séid ; mais ses Akalis l’exhumèrent et le jetèrent à la rivière ; la rivière le rejeta au bord et les Sikhs le coupèrent en morceaux ; un fidèle recueillit une jambe qu’il ensevelit à Pallikot. Mais au Bengale où, à la même époque, à six cents lieues du champ de Balakot, ses disciples venaient de livrer aux Anglais la première bataille de la guerre sainte, les Califes annoncèrent que le Séid n’était pas mort ; des témoins déclaraient l’avoir vu emporté au ciel, au plus épais de la mêlée, dans un nuage de poussière : il avait lui-même prédit sa disparition et prié Dieu que sa tombe fût invisible, comme celle de Moïse, pour être soustraite à un culte sacrilège. Le Tout-Puissant l’avait enlevé du milieu d’une génération sans cœur : quand tous les Musulmans de l’Inde marcheront comme un seul homme à la guerre sainte, le Séid reparaîtra pour les conduire à la victoire[1].

  1. Pour toute cette histoire de Seid Ahmed et du complot de Patna, je me sers surtout du beau livre du Dr Hunter, The Indian Musulmans, 1871.