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Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/128

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Ce matin, ils ne se sont point en allés ; ils sont restés attachés aux fleurs, aux feuilles ; peut-être ont-ils pompé les sucs de ciguë, se sont-ils enivrés. Et elle demeure en suspens, brume qui ne se relèvera plus, et il n’y a point, d’une branche à l’autre, vide, transparence, clarté, mais douce continuité, mystère.

* * *

Il ne s’est point levé de la journée. Il s’est épaissi. Cette brume est devenue brouillard fait, dirait-on, de faibles mânes oubliés, d’âmes en train de se dissoudre dans l’universel.

Le ciel est semblable à une litière de paille. Adieu le noble ciel, ces blocs d’azur l’un sur l’autre entassés sans qu’on en voie jamais le joint. On ne voit rien. Parfois il se déchire, et l’on aperçoit un toit qui luit comme la mer avant l’orage. Dans une ferme, au loin, on entend glougloter un