Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/136

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désespoir ; on aime sans chercher cela, sans compter que le ciel va s’ouvrir.

* * *

Pourtant je ne cesse de me déchirer. Je vous aime, je vous hais ; je vous appelle, je vous repousse ; nous nous expliquons ; je me tais, vous aussi ; je ne sens plus votre présence ; votre souvenir m’échappe ; la nuit n’est pas plus noire ; j’ai peur.

Ta pensée descend dans mon cœur tout à coup, comme le sommeil dans les yeux d’un enfant.

* * *

Pourtant, amie, jamais, jusque dans ces moments, je ne t’aurai manqué d’égards. Comme ces pauvres êtres, ces faibles animaux qui se mordent d’eux-mêmes et font mine de se déchirer dès qu’on les menace de coups, je ne m’en prends qu’à moi de mon désordre, de mon tumulte,