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Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/88

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Le vent est si fort qu’il semble vouloir lancer jusqu’aux nues les feuilles qu’il arrache encore vertes aux bois consternés. Je vais parmi les buttes et les collines. Je contemple l’horizon vide, le ravin morne et dévasté. Partout la couleur de l’abîme, partout la pierre semblable à la dure existence de l’homme, l’automne avec son odeur de noix.

* * *

Je ne projette jamais ma tristesse assez loin de moi, en avant, quand je veux m’en débarrasser. Je ne parviens jamais à la perdre de vue, à la lancer si profondément dans l’avenir qu’elle y meure, étouffée par d’incertaines espérances.

* * *

Il y a entre toi et les choses de la nature une telle similitude que ces torrents de pluie qui m’empêchent de sortir me privent en même temps du meilleur de toi : le rêve me