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Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/89

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permet de te posséder en silence, mais tu es trop vive pour souffrir longtemps d’être exilée du jardin, de la forêt et du jour. Ton souvenir s’épuise à parcourir ma mémoire, il veut que je le mêle à la nature entière.

Que je l’aime de me faire souffrir par ce désir continuel, qui le trouble et qui l’aiguillonne, de participer autant à l’activité de l’univers qu’à sa splendeur.

* * *

Je foule comme un raisin l’herbe verte et grise. La tête en avant, la moitié du corps en avant, je cours, comme un villageois court chercher le médecin, je cours de peur de tomber ; je ne m’arrête pas, je ne m’oriente pas, je ne ressens pas la pitié même que je m’inspire.

* * *

Quelquefois je t’attends à la minute même. Ce n’est pas de l’horizon regardé,