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Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/91

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s’étalent, sursautent ; et chaque poteau flagellé résiste et tremble. Plus haut, plus bas, plus haut qu’il ne faut, jamais remis de leurs fatigues, dispos ou non ! La danse et le vin les animent, ou ce rythme inventé par moi ! Ils crient, et nul ne les entend ! Ils saignent, et l’on voit au travers l’herbe, les marronniers, les villages, les meules, la nuit et le parfait éclat des astres !

* * *

As-tu, quelque nuit, dans une vision plus brève que la mort, contemplé l’Angoisse ? Elle est couverte de silence, agitée de convulsions ; elle tient à la main une petite aiguille. Qu’elle en doive percer ton cœur, ce n’est pas à cela que ton cœur se dérobe : mais si, brusquement, l’acier se brisait, la pointe flexible !

Tu te roules à terre ; en vain. Tes cheveux blanchissent de froid sur tes tempes écartelées. Tu menaces, tout bas, de crier ;