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LES DEUX TESTAMENTS

vait surmonter, il se hâta de chercher la lampe et de l’allumer, puis il s’approcha encore de sa belle-mère.

Le doute n’était plus possible, elle était bien morte.

Il s’affaissa dans un autre fauteuil et resta longtemps immobile, en proie à une foule de sentiments les plus opposés.

Reprenant enfin son sang froid, il se hâta d’avertir les locataires et les voisins, et se rendit lui-même chez le curé et le médecin qu’il ramena avec lui.

Ce dernier constata que Mde Champagne avait succombé à une attaque de la paralysie dont elle était affectée depuis quelques années.

Deux jours plus tard les funérailles eurent lieu avec toutes les pompes convenables, et le corps de Mde Champagne fut déposé au cimetière de la Côte des neiges auprès de ceux de ses deux filles.

Le lendemain on fit la lecture de son testament, le premier, par lequel elle laissait ses maisons à Edmond Bernier et son argent à son petit-fils.

Pendant qu’on était occupé de cette lecture, le notaire qui avait rédigé le second testament, celui que la veuve avait confié à son seul ami, se présenta tout à coup, et déclara qu’il devait y avoir dans la maison un testament plus récent que celui dont on faisait en ce moment la lecture.

À ces paroles, le veuf pâlit comme un mort, mais faisant un violent effort sur lui-même, il déclara qu’il n’avait aucune connaissance de ce fait, mais qu’on pouvait faire les recherches nécessaires, sans plus tarder.

Mais ces recherches n’aboutirent à rien et l’opinion unanime des assistants fut que Mde Champagne avait elle-même détruit le second testament.