Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
SUR LE SOL D’ALSACE

l’imprévu magique et charmeur, l’ivresse de deux âmes libres de s’épancher.

Louise ne s’aperçut pas, durant ce voyage, qu’Herbert était de nature un peu despote. Son commandement bref dans les hôtels, sa manière d’organiser les excursions sans prendre son avis, revêtaient à ses yeux les formes d’un tact profond, puisé dans le souci de lui épargner un effort.

Elle n’eut donc qu’à se laisser vivre, conduire en toute petite dont le consentement importe peu. Ses vingt-deux ans se trouvaient complètement annihilés par les trente ans très expérimentés d’Herbert. Elle n’en souffrait pas, à vrai dire. Ayant eu sa maison à diriger depuis la mort de ses parents, elle se plaisait à ce moment d’accalmie. Elle attendait son retour chez elle pour reprendre son autorité de femme d’intérieur.

Son mari, observateur et instruit, la renseignait brièvement sur les villes où ils passaient.

D’un air détaché, vivement, il faisait l’historique de chacune d’elles. Il glorifiait l’Allemagne plus par le fait même que par la chaleur de sa parole.