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D’autres, afin de se reconnaître entre eux, font à leurs disciples une incision au revers de l’oreille droite. Marcelina, qui vint à Rome du temps d’Anicet, était de cette secte, et elle se servit de ce moyen pour perdre un grand nombre de personnes : ils se donnent à eux-mêmes le nom de gnostiques ; ils ont des figures peintes, ou sculptées, qu’ils portent en disant que c’est l’image du Christ faite par Pilate, au temps où il était encore sur la terre ; il est ainsi représenté ayant une couronne sur la tête, et ils placent cette image parmi celles des philosophes, de Pythagore, de Platon, d’Aristote, et tous les autres : leurs autres observances religieuses ne diffèrent pas de celles des gentils.


CHAPITRE XXVI.


Cérinthe. — Les ébionites et les nicolaïtes.


Cérinthe naquit en Asie, prêcha que le monde n’avait pas été fait par un Dieu supérieur, mais par une puissance différente, et bien inférieure, et qui ne connaissait même pas le Dieu souverain de toutes choses. Jésus lui fut subordonné ; celui-ci ne serait pas né d’une vierge ; c’est chose impossible à croire aux yeux de cet hérésiarque : il serait né de Joseph et de Marie, de la même manière que naissent les autres hommes. Sa justice, sa prudence et sa sagesse furent sans égales, et firent de lui un être supérieur aux autres hommes. Dieu envoya sur lui, aussitôt qu’il eut été baptisé, le Christ, sous la forme d’une colombe ; après cela, il prêcha au monde la révélation du Dieu inconnu et la perfection des vertus. À la fin, le Christ se sépara de lui et s’envola dans les régions supérieures. Jésus aurait souffert seul sa passion, et serait ressuscité Christ, être spirituel et impassible de sa nature.

Les ébionites admettent la création, telle que nous la croyons ; ils diffèrent de Cérinthe et de Carpocrate, en ce qui concerne le Seigneur ; le seul évangile de saint Mathieu est reconnu par