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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/45

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siècle[1], tandis que d’autres la resserrent dans des limites beaucoup moins étendues. Quoiqu’il en soit, voulant par dessus tout, autant que possible, integros accedere fontes, je sentais que plus je m’approchais de la source même dans les recherches que j’allais commencer, plus j’avais de chances de succès ; c’est pourquoi je débutai par les écrits de ces saints personnages qui sont distingués par le titre de Pères apostoliques, comme ayant tous conversé avec les apôtres ou avec leurs disciples.

Ma surprise fut donc grande, et même je l’avoue, accompagnée d’un léger remords, lorsque je rencontrai dans la personne d’un de ces écrivains simples, apostoliques, un pape, oui, un véritable pape, le troisième évêque après saint Pierre, de cette Église romaine que j’allais abandonner pour m’attacher à sa moderne rivale. Ce pontife qui occupait le siége de Rome, c’était saint Clément, un des compagnons des travaux de saint Paul, « dont les noms sont écrits dans le livre de vie ; » et Tertullien nous apprend que saint Pierre lui-même l’avait ordonné son successeur. Cette preuve de l’ancienneté et de l’origine apostolique de l’autorité papale, me causa le plus vif déplaisir. « Quoi ! un pape, un pape ordonné par saint Pierre lui-même, m’écriai-je en ouvrant le volume, par l’Église de saint Pierre, et par saint Pierre aussi ! ceci me surprend fort. » Cependant il restait encore assez de papisme dans mon cœur pour me faire

  1. Le célèbre ministre huguenot Claude est du nombre de ceux qui veulent que les beaux jours de l’Église, comme il les appelle, se soient prolongés jusqu’au septième siècle. Les savants auteurs de la Perpétuité de la foi, qui ont si victorieusement réfuté les erreurs de ce théologien, s’appuient fortement sur ce point. Le lecteur ne sera peut-être pas fâché de savoir l’opinion qu’avaient de cet homme célèbre quelques-uns de ses contemporains. « Cet homme-là, dit Houguerie lui-même, son ami et partisan de sa cause, cet homme-là était bon à gouverner chez madame la maréchale de Schomberg, où il régnait souverainement, mais il n’était point savant. Parlez-moi, pour le savoir, de Rubertin, de Daillé, de Blondel. »

    S’il faut en croire le livre des Homélies, « la religion chrétienne, au temps de Constantin (an 324) était pure et dans son âge d’or. »