Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/494

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cepte nous devions nous croire absous des fautes que nous pourrions commettre, et si nous devons nous abstenir de juger sévèrement les autres, ce n’est pas non plus jusqu’à approuver le mal qu’ils font. Mais ce précepte nous est donné, afin que nous ne portions pas un injuste jugement sur les desseins de Dieu, lui qui a prévu avec certitude tout ce qui doit arriver. Et c’est parce qu’il savait d’avance que nous ferions un bon usage des biens que nous recevons d’autrui, qu’il a dit dans l’Évangile ; « Que celui qui a deux tuniques en donne une à celui qui n’en a point, et que celui qui a à manger fasse de même. » Et encore : « Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez recueilli : j’étais nu et vous m’avez revêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venu à moi. » Et dans un autre endroit : « Lorsque vous faites l’aumône, que votre main gauche ne sache pas ce que fait votre main droite. » Telles sont les paroles de notre Seigneur, et bien d’autres encore, qui prouvent que nous sommes justifiés, en profitant des choses d’autrui par le bon usage que nous en faisons : quand je dis des choses d’autrui, ce n’est pas pour exprimer que ceux que je désigne par ce mot soient éloignés de Dieu, mais c’est pour marquer que nous sommes à cet égard dans la même situation où étaient les Israélites, vis-à-vis des Égyptiens, qui ne connaissaient pas le vrai Dieu, et que par l’usage que nous faisons de ces choses nous élevons à Dieu un tabernacle en nous-mêmes, puisqu’il habite avec ceux qui font le bien. Notre Seigneur dit lui-même : « Et moi je vous dis : Employez les richesses injustes à vous faire des amis, afin que, quand vous viendrez à défaillir, ils vous reçoivent dans les demeures éternelles. » Ainsi, tous les biens qui nous sont provenus du temps où nous étions avec les gentils, et que nous avons même injustement acquis, ont été sanctifiés par un usage utile depuis que nous sommes entrés dans la foi.

Mais tout ce qui arrivait aux Hébreux, d’après les desseins de Dieu, étaient autant de figures des choses à venir, et