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LA MORT D’HENRY


passions, ont été furieusement reprochées à Zurlinden.

Cavaignac s’était juré de chasser Esterhazy de l’armée ; il le tenait pour le complice de Dreyfus et n’aimait point qu’un officier eût des maîtresses[1].

VII

Cependant Cuignet avait terminé la contre-épreuve que lui avait commandée Cavaignac. Ayant décalqué les morceaux de la fausse lettre de Panizzardi et ceux de la fausse pièce de comparaison, « il rapporta le quadrillage, fit le rapprochement exact », et constata à nouveau la fraude. Il nota encore d’autres anomalies qui firent « la conviction absolue » du ministre[2].

Cavaignac décida aussitôt (26 août) qu’il interrogerait lui-même Henry, qui était de nouveau absent, mais seulement pour quelques joints, à Berck-sur-Mer, d’où il devait rentrer le 29, avec sa femme et son enfant, et se rendre avec eux, le 31, à Pogny, pour y faire, avec son frère, « l’ouverture de la chasse[3] ».

Cavaignac le saisira à son passage à Paris.

Gonse, quelques jours auparavant[4], fut informé par

  1. Esterhazy écrira, le 13 mars 1900 : « Quel plus monstrueux abus de pouvoir que celui commis par ceux qui m’ont fait exécuter alors que, quelques semaines auparavant, ainsi que l’attestent ces deux lettres du colonel Henry (Voir t. III, 618), j’étais chargé par eux et pour eux des besognes les plus confidentielles ! Ce sont de lâches et immondes canailles. »
  2. Rennes, I, 199, Cavaignac ; Cass., I, 340, et Rennes, I, 502, Cuignet.
  3. Dates et renseignements donnés par Mme Henry (Jour du 1er septembre 1898).
  4. « Huit jours avant » les aveux d’Henry, dit Gonse. (Rennes, II, 556.) Donc le 22 ou le 23 août.