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CHAMBRE CRIMINELLE


interpellations, mais Delcassé obtint qu’elles fussent retirées[1].

Marchand, que Baratier rejoignit au Caire, reçut l’ordre de regagner son camp et de continuer, par l’Abyssinie, jusqu’à la mer Rouge.

Quelques mois plus tard[2], Cambon, qui avait remplacé Courcel à Londres, signa un arrangement équitable et pratique. La France, renonçant à faire valoir ses droits sur le Bahr-el-Ghazal, obtenait la reconnaissance de sa souveraineté dans un vaste domaine ininterrompu, en plein continent noir, de la Méditerranée au Congo. L’Angleterre adjugeait à l’Égypte, à elle-même, toute la vallée du Nil.

III

Dupuy, pendant quelque temps, parut résigné à la justice.

Le président Lœw avait reçu, dans les premiers jours d’octobre, un billet anonyme. On lui signalait qu’un huissier, Callé, avait en sa possession une lettre d’Esterhazy, « sur un papier pelure (quadrillé identique à celui du bordereau[3] ».

Le conseiller Atthalin, délégué à cet effet, convoqua l’huissier, qui lui apporta aussitôt la lettre, datée de Rouen, le 17 août 1894, et commençant ainsi : « J’ai reçu, en revenant du camp de Châlons, où j’ai été passer quinze jours… « Une autre lettre, du 11, portait

  1. 8 novembre 1898.
  2. 21 mars 1899.
  3. Cass., I, 661, Lœw.