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la propagande.

les cas mille choses à dire à son tour. En effet, sa mission de propagande doit s’être révélée à lui-même de bonne heure ; car elle éclate dans tout ce qu’il écrit, dans sa correspondance et dans ses notes sur sa vie, comme dans ses premiers ouvrages. Parler au public, c’est son saint mandat d’en haut, comme d’agir au nom de ses principes est sa vraie tâche dans le monde.

Soit désir de rejoindre son maître, soit antipathie prononcée pour une carrière qui n’allait pas à son goût, il quitta le régiment dès 1771.

Était-ce pour se consacrer tout entier à ses études favorites, ou plutôt pour mieux faire sa propagande ?

Ce qui est hors de doute, c’est que la résolution de ne plus dépendre que de lui-même et de donner sa vie à sa grande affaire, sous les deux formes de la recherche et de la propagande, peut seule expliquer un changement de carrière que ni son père, ni le duc de Choiseul ne devaient apprécier au même point de vue que lui. C’était, en effet, de la part d’un homme si jeune et de si peu de fortune, une démarche très-grave. Il n’en résulta toutefois aucun refroidissement sérieux entre le père et le fils, ni aucun regret pour le dernier, qui avait besoin, dans l’intérêt de ses principes aussi, d’une indépendance plus complète que ne l’est celle d’un militaire. Du moins, pour voir dès à présent en leur vrai jour ses idées et sa conduite politiques souvent si mal appréciées, on doit remarquer que sa retraite du service coïncida avec le renvoi des quatorze parlements du royaume par le ministère Maupeou. Si ces deux faits ne semblent avoir aucune connexité au premier aspect, il est à constater