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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/115

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quelque chose qui n’en est que le masque et le fard.

– J’ai souvent observé en effet, – dit timidement M. de Bréot, – que les mots aussi ne gardent pas toujours le sens entier de ce qu’ils signifient, et c’est pourquoi les honnêtes gens nomment souvent les actions les plus atroces et les plus viles avec une aisance qui n’est point l’indice qu’ils seraient capables de les commettre ni la preuve qu’ils n’éprouvent pour elles aucune répugnance. Cette habitude, qui n’est pas bonne, fait que l’on remarque dans la conversation des hommes de quoi les croire moins délicats et plus méchants qu’ils ne le sont. Plus d’un qui ne parle couramment que de battre et de tuer n’a guère l’envie de l’un ni de l’autre et serait bien étonné si on lui mettait en main l’épée ou le bâton pour l’usage de ce qu’il recommande si volontiers. Qui n’a souhaité parfois, par humeur, que le Diable emportât ses meilleurs amis et qui les retiendrait par la basque, si la fourche du Démon se mettait à faire incontinent l’office qu’on souhaitait d’elle !

– Cela est tout à fait vrai, – répondit M. Herbou, – mais il faut avouer que le contraire ne l’est pas moins. Si certains mots ne conservent plus avec