Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/121

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sûr que j’en vienne à bout, si fermement que je m’exerce à leur succès. Leur échec cependant me serait insupportable, aussi ai-je pris mes mesures en conséquence. J’ai fait du chemin en ce monde, madame la marquise, et je serais désespéré de ne voir au terme d’une si belle route qu’un trou obscur où j’irais m’étendre sans couleur ni mouvement et pour toute l’éternité. Non, morbleu ! non, il ne saurait en être ainsi, et j’ai plus besoin que personne d’un autre monde puisqu’il me servira à achever d’obtenir ce que je n’aurai pu atteindre en celui-ci.

Et M. Herbou prit un air modeste et sérieux.

– Certes, madame, je ne me plaindrai point de la place que j’occupe ici-bas. Elle a de quoi satisfaire quelqu’un qui n’en voudrait que pour son argent. Le mien m’a donné toute la sorte de considération dont il est capable, mais, malgré cela, je sens à mon origine un défaut dont j’observe encore les effets. Si bienveillantes que se montrent à mon égard les personnes de qualité qui veulent bien m’honorer de leurs bontés, elles ne laissent point d’avoir quelque peine à me tenir tout à fait pour l’un des leurs. Quand bien même je vivrais cent ans, je ne parviendrais pas à détruire dans leur