Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

esprit l’idée de cette différence qui leur semble d’autant plus importante qu’elle me paraît plus petite. Et c’est là justement, madame la marquise, où Dieu fait si bien mon affaire que je serais un sot de ne pas croire en lui. Quel lieu plus propre que son paradis à mettre une fin à ces inégalités dont je vous parle. Pensez-vous qu’entre ses élus on tienne quelque compte des origines terrestres. Il ne peut régner entre eux que je ne sais quoi de fraternel, comme entre les fils d’un commun père. Aussi, est-ce dans l’autre monde que je donne rendez-vous à ceux de celui-ci qui me marchandent le coup de chapeau ou ne me le rendent qu’avec l’air de dire : « Tiens, voilà ce bon monsieur Herbou, le partisan ! » Qu’ils se dépêchent donc ici-bas, de jouir de leur reste. C’est là-haut que je les attends ! Cette attente ne vous doit-elle pas assurer de ma plus entière obéissance aux ordonnances de la religion, religion, j’ajouterai, madame la marquise, d’autant plus admirable qu’elle fait de notre salut éternel et de notre vie future, non point une chance personnelle ou un privilège particulier, mais une certitude que chacun peut acquérir pourvu qu’il accomplisse certains devoirs dont l’Église nous propose la pratique et dont elle nous garantit l’efficacité