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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/133

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notre taudis traînaient parfois des morceaux d’étoffes précieuses, comme celle à quoi je dus de réchauffer mes petits membres engourdis.

» Je n’abuserai pas de votre politesse et de votre attention pour vous rapporter d’autres traits de mon enfance : celui-là seul suffira à vous montrer qu’elle fut pauvre et de la plus humble condition. Ainsi donc, je vous passe mes gentillesses de marmot. Elles contribuèrent à ce que mes parents partageassent avec moi, sans trop de déplaisir, le pain qu’ils gagnaient à la sueur de leur front. Quoi qu’il en fût, les nourritures qu’ils m’offrirent me profitèrent si merveilleusement que je devins gros et fort et que je le suis resté durant tout le cours de ma vie. Les commencements en furent ordinaires. J’y échangeai le maillot pour les culottes avec les menus accidents d’usage. J’appris, comme les autres, à me servir de mes mains, de mes jambes et de mes yeux. Enfin, je pus exprimer des pensées. Les miennes étaient naïves et simples et tout à fait selon mon âge. Et ce fut ainsi qu’elles devinrent celles d’un jeune polisson qui menaça bientôt de se tourner en un précoce vaurien.

» C’est vous dire, monsieur, que j’avais alors