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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/136

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prélasser à l’aise pour en bien sentir la mollesse et le duvet.

» Je m’aperçus bientôt que la plupart des métiers où s’occupaient nos voisins ne leur valaient guère davantage qu’à mon père le sien, et qu’il y en avait en outre de plus pénibles et de plus dangereux. Dans mes longues promenades par les rues, j’observais beaucoup. Je savais les travaux divers où peine et s’exerce le petit peuple. Je connaissais ceux du couvreur et du maçon. Je les distinguais, grimpés sur le toit des maisons, posant la tuile ou l’ardoise, ou, montés sur des échelles, ajustant le moellon ou établissant la brique. La hache du charpentier, la scie du tailleur de pierres, le marteau du forgeron, battant le fer sur l’enclume, me faisaient boucher les oreilles, et mes dents grinçaient aux copeaux qu’arrachait à la planche le rabot du menuisier. Je constatais que toutes ces besognes ne s’accomplissent qu’à coups de reins et qu’à la force des bras, et je n’avais guère envie d’essayer jamais d’aucune d’elles. Par le soupirail, je surprenais également le gindre suant à sa pâte et le boulanger à son fourneau. Mes loisirs de fainéant m’avaient rendu familier le maréchal-ferrant levant la jambe du cheval et roussissant la