Aller au contenu

Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

beaucoup rire et l’on s’étonna fort que j’ignorasse que monsieur le duc de Grigny, à qui appartenait cette place, se fût mis en tête d’y faire bâtir. Les travaux commencés, monsieur le duc ordonnait même de les pousser avec la dernière activité. Cette ignorance vous marquera mieux qu’aucun discours à quel point mes études de musique me tenaient à l’écart de tout et combien j’avais l’oreille plus attentive aux sons de ma flûte qu’aux paroles où se colporte le bruit de ce qui se fait.

» Il pourrait vous sembler, monsieur, que la nouvelle de cette bâtisse eût dû m’être assez indifférente et sans guère de quoi m’intéresser plus qu’un instant ; cependant, il n’en fut pas ainsi. J’y repensai assez souvent et il ne s’écoula pas de jour où je ne passasse par cet endroit. Tantôt il était sur mon chemin, tantôt je me détournais de ma route, conduit par une curiosité que je ne cherchais pas à m’expliquer et qui m’arrêtait longuement à considérer les travaux. Leur promptitude avait de quoi étonner. Monsieur le duc de Grigny devait être un seigneur fort obéi et que le mieux était de satisfaire, car les maçons et les charpentiers ne ménageaient point leurs peines.