Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/146

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Aussi l’ouvrage avançait-il, pour ainsi dire, à vue d’œil. L’hôtel de monsieur le duc de Grigny s’annonçait comme fort beau et digne en tout point d’un si grand personnage. Monsieur le duc de Grigny venait lui-même s’assurer que l’on se conformait exactement à ses desseins. Ce fut ainsi que je le vis, un jour, descendre de son carrosse. C’était un homme entre deux âges, sanguin et robuste. Il ne craignait pas d’enjamber les poutres et les plâtras et de se rendre compte de tout. Je l’entendais de loin parler haut et il fallut qu’il remontât dans son carrosse pour que je me décidasse à rentrer à la maison.

» Je ne cessais point d’être content de mon sort et de suivre mon maître, monsieur Pucelard, partout où il lui plaisait de me mener avec lui. Il y eut, cette année-là, beaucoup de repas où nous fûmes appelés à réjouir les convives du son de nos instruments. Notre petite troupe exécutait fort bien les airs que maître Pucelard choisissait avec un goût délicat ou composait avec un génie admirable. Il savait les approprier à la nourriture qu’on servait. Il en avait pour les potages, pour les entrées, pour les rôtis, pour les desserts, qui y convenaient parfaitement bien. Ces derniers surtout