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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/155

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était si persuadé de son mérite et de sa naissance qu’il ne douta pas que l’honneur d’avoir été par lui distinguée ne fît oublier à mademoiselle de Barandin le petit désagrément qu’elle lui avait dû : le bonheur d’être duchesse vaut bien qu’on vous fasse renoncer, même de force, à la mince destinée d’être la femme d’un simple gentilhomme. Et ce fut ainsi qu’à l’autel mademoiselle de Barandin reçut l’anneau nuptial de cette même main qui avait si lestement expédié le jeune monsieur de Cérac.

» Quoique ce mariage eût été précédé des événements que je viens de vous dire et qui le rendaient quelque chose d’assez singulier, monsieur de Grigny ne sembla pas avoir à s’en repentir. Il avait d’ailleurs toutes sortes de raisons d’être content de sa femme, d’abord parce qu’elle était belle, ensuite parce qu’elle se révéla la plus parfaite des épouses.

» Il fallait l’être, car monsieur le duc de Grigny, qui, jusque-là, malgré sa richesse, ne passait pas pour généreux, se départit assez vite de sa lésinerie habituelle envers madame la duchesse. Non seulement il ne lui refusait rien de ce dont elle pouvait avoir besoin pour son ajustement et sa parure, mais encore il était le premier à l’engager à ne