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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/162

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donc si publics qu’on s’en entretînt ainsi ! Monsieur le duc de Grigny les ignorait et il ne se marquait aucunement jaloux de sa femme. Au contraire, il avait accepté depuis peu une nouvelle charge à la cour, ce qui le gardait souvent loin de chez lui… Et la confiance de monsieur de Grigny redoublait les rires de ces messieurs !

» Oui, monsieur, voici ce que j’entendais soudain : madame de Grigny faisait l’amour avec qui voulait !… J’étouffais ! Il me montait au visage une rougeur de colère et de honte, à de pareilles calomnies : – car c’était le nom que prenait dans mon esprit ce que je venais d’ouïr et qui me semblait un monstrueux outrage dont j’aurais voulu punir ceux qui le proféraient. Je fus sur le point de m’élancer à la gorge des menteurs. Et cela eût été beau, monsieur, qu’un petit musicien de mon espèce courût sus à ces gentilshommes et leur sautât au visage ! Pensez de quel divertissement eût été ce défenseur de renommées et ce nouveau champion ! Il n’en fut rien, monsieur, tant il est vrai que le monde nous habitue assez tôt à ne point être ce que nous voudrions. Au lieu d’un vengeur de vertu que je sentais bouillonner en moi, je ne trouvai à montrer à tous que le docile clerc