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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/163

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de monsieur Pucelard, qui, à un signe de son maître, reprit sa flûte pour en tirer des sons justes à l’aide d’un souffle encore agité de l’émotion que j’avais éprouvée et qui me faisait battre le cœur avec tant de violence que j’en sentais les coups par-dessus mon habit.

» Cette soirée, monsieur, me laissa en un sentiment singulier : j’en emportai une vive horreur de la méchanceté des hommes, et ceux qui insultaient ainsi une personne qui me paraissait, à moi, une sorte de divinité, me semblaient pires que tout ce que j’aurais pu jamais imaginer. Certes leurs vains propos n’avaient pas de quoi détruire en mon esprit l’idée que je me faisais de madame la duchesse de Grigny. Ne suffisait-il point de la voir passer dans son carrosse pour être certain de sa vertu ? Cette hardiesse même qui se remarquait à son visage n’était que l’expression de la hauteur de son dédain pour des accusations dont elle savait sans doute toute la bassesse. Ainsi, tout contribuait à me maintenir dans le respect et l’admiration que je vouais à cette dame, et cependant, monsieur, vous le dirai-je, quelque chose était changé dans mes pensées.

» Parmi celles où je me plaisais le plus au sujet