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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/164

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de madame la duchesse, et qui toutes étaient d’admiration et de respect, il s’en glissait certaines autres sur lesquelles je n’étais guère rassuré et qui me troublaient. Elles étaient soudaines et involontaires, et je pouvais d’autant moins les prévenir et les éloigner qu’elles empruntaient la forme d’images vives et séduisantes. J’avais souvent observé le visage de madame la duchesse et cette vue réjouissait mes yeux, sans qu’ils s’imaginassent toutefois rien de plus que ce qu’ils voyaient à découvert. Il n’en fut pas de même après les paroles insolentes que j’avais entendu prononcer. Elles agirent à mon insu sur mon esprit. Je commençai à songer peu à peu et malgré moi que les nobles atours de madame la duchesse dérobaient un corps semblable à celui de toutes les femmes. Tout d’abord, cette pensée ne se présenta qu’incertaine et fugitive et je ne m’y arrêtai que le temps de la chasser, mais ses retours furent si fréquents que je ne tardai pas à me familiariser avec ce qu’elle avait d’audacieux et de hardi. Je ne l’évitais plus, comme je l’aurais dû. Au contraire, j’y revins de moi-même jusqu’à m’y attacher minutieusement. Une fois là, j’allai plus loin. Quoi ! cette belle dame avait un corps comme une autre, et ce corps ne servait pas