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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/167

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plus vif et le plus constant intérêt, et je lui devais beaucoup. C’est lui qui m’avait mis une flûte aux doigts et m’en avait enseigné l’usage. Dès que j’avais pu m’en servir convenablement, il m’avait reçu en sa compagnie et fourni par là même les moyens de gagner ma vie ; mais, à présent, il me fallait convenir que maître Pucelard recourait moins fréquemment à mes talents. Rien de plus naturel que j’eusse lassé sa patience et qu’il fût dépité de mes distractions incessantes qui me faisaient perdre l’emploi du peu que je savais : sans doute, il n’était pas très empressé à s’exposer au désordre dont je me rendais quelquefois l’auteur. Il m’arrivait, en effet, trop souvent de manquer des reprises et de produire des fausses notes assez désagréables et qui rompaient incongrûment l’unisson. De telle sorte que plus d’une fois, quand nous nous quittions après notre concert, il ne me donnait pas rendez-vous pour le suivant. Au contraire, il semblait même se cacher de moi pour indiquer aux autres musiciens où l’on devait se réunir. Ils parlaient bas ensemble et l’on me tenait à l’écart.

» Je ne m’affligeais pas outre mesure de ces petits mystères : indifférent à tout ce qui n’était