Aller au contenu

Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas ce que vous savez, je n’étais pas embarrassé de ma liberté. J’en profitais pour rôder, selon ma coutume, autour de l’hôtel de Grigny. La vue de madame la duchesse me troublait de plus en plus. À l’aspect de son carrosse, mes jambes tremblaient et mon front se couvrait de sueur. Souvent, j’étais forcé de rentrer à la maison et de me coucher sur mon matelas.

» J’étais un jour étendu, occupé à mes réflexions, quand on gratta à ma porte. Maître Pucelard entra. Je ne l’avais pas aperçu de toute la semaine. Il s’assit d’un air de gêne et me dit qu’en effet il n’avait pas eu besoin de moi, mais que, ce soir, si je voulais me joindre à lui et à Jean Seguin, nous irions donner concert dans un endroit où il me mènerait et où il allait quelquefois avec Seguin et Van Culp. Seguin et Van Culp étaient les compagnons habituels de maître Pucelard ; Seguin jouait du violon et Van Culp du luth. Ce dernier, étant malade, se trouvait obligé de demeurer à la chambre pendant quelques jours. Alors monsieur Pucelard avait pensé à moi.

» Quand j’eus accepté sa proposition, maître Pucelard baissa la voix. Il m’avoua qu’il avait hésité avant de s’adresser à moi, parce que je lui semblais