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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/172

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Le rire de madame la duchesse dominait par instants le fracas de ce forcené. À demi-nue, et les cheveux décoiffés, elle excitait le vacarme. Son visage, empourpré, non de honte mais d’un feu luxurieux, semblait celui d’une Bacchante. La couleur de l’orgie lui rougissait les joues… Ah ! monsieur, qu’elle était belle ainsi toute brute d’impudeur et toute chaude de débauche !

» Maître Pucelard avait cessé de jouer. On entendait le vin qui coulait du goulot d’une bouteille. J’écoutais mes dents qui claquaient les unes contre les autres. Je m’adossai à la muraille pour ne pas tomber.

» Il me semblait que le plafond allait s’écrouler sur moi ; une rumeur grondait dans ma tête, qui devint un bruit brusque et répété. Je considérais madame la duchesse : à mesure, ses yeux s’agrandissaient, leur expression se changeait en une lueur de haine, de vengeance et de joie épouvantable. Je me sentais comme percé de ce regard qui ne me regardait plus et qui, à travers moi et au delà, se dirigeait vers quelqu’un dont la vue, m’étant retourné soudain, me fit bondir dans un angle de la pièce, en même temps que monsieur des Bertonnières, subitement debout et dégrisé, franchissait