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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/173

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une fenêtre et sautait dans le jardin.

» Sur le seuil de la porte qu’il venait d’enfoncer, se tenait monsieur le duc de Grigny. La lumière l’éclairait en plein. Je le reconnus à sa perruque noire, à son cordon bleu et à son habit brun, plus encore qu’à son visage, qu’une pâleur singulière transformait en une sorte de masque de cire. Botté et éperonné, il serrait dans sa main un fouet de chasse. Qui avait pu l’avertir ? Je pensais plus tard à la maladie de Van Culp, mais, pour l’instant, j’étais dans tout l’étonnement de ce que je voyais et dans l’effroi de ce qui allait suivre.

» Monsieur le duc fit un pas. Sa femme en fit un aussi. Elle ne riait plus. Elle relevait son bas qui lui était tombé sur le talon. Son sein nu et blanc sortait de son corsage dégrafé. Monsieur le duc et elle se regardèrent. Tout à coup, elle se baissa davantage, trempa ses doigts dans une flaque de vin qui rougissait le dallage et en lança quelques gouttes à la figure de son mari, qui en essuya les taches du revers de sa manche. Et j’entendis madame la duchesse qui disait ces paroles dont je ne compris le sens que plus tard :

– Cérac, tu es vengé !

» Un sifflement de lanière l’interrompit. Le cuir