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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/174

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tressé cingla les blanches épaules et y laissa une raie rouge. Le fouet siffla une seconde fois : madame la duchesse demeurait immobile comme si elle eût été changée en statue. Les coups se succédaient et il n’en était pas un qui ne portât. Monsieur le duc de Grigny frappait de toute sa force. La tresse déchirait l’étoffe de la robe et lacérait la chair du corps. Monsieur le duc recula et saisit à deux mains la poignée du fouet. Madame la duchesse, cette fois, poussa un cri terrible et tomba sur le visage.

» Maintenant, elle hurlait sur le pavé de toute sa douleur assommée. Monsieur de Grigny achevait son affreuse besogne. Il avait arraché ce qui restait des lambeaux de la robe et il avait posé sa botte sur cette chair meurtrie. Il frappait toujours. Sa grosse perruque sautillait sur son dos. Madame la duchesse ne criait plus. Rudement, monsieur le duc retourna du pied cette nudité inerte et rouge, puis, se courbant, il noua à son poing la torsade des cheveux d’or, et je le vis, traînant derrière lui cette dépouille empourprée, disparaître par la petite porte par où il était entré.

» J’avais assisté à cette scène, muet d’horreur et d’épouvante, du coin où je m’étais retiré. Un peu de vent venu par la fenêtre ouverte me ranima et