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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/177

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était parvenu aux oreilles, et, sans les croire plus qu’il ne fallait, ils n’étaient point fâchés du démenti que cette piété donnait aux rumeurs fâcheuses qui couraient sur madame de Grigny. Monsieur de Grigny également parlait avec ouverture et bonhomie du goût soudain de sa femme pour la retraite. Il en plaisantait même, à l’occasion, mais avec la petite nuance de respect qui se doit à quelqu’un qui sait si bien mettre à profit les incommodités du corps et en fait un moyen de s’améliorer l’esprit.

» La vérité est que si madame la duchesse se cachait aux yeux du monde, elle ne paraissait pas davantage chez elle à ceux de ses domestiques. Personne ne pénétrait dans sa chambre d’autre que monsieur de Grigny, qui en emportait avec lui la clef dans sa poche. Madame la duchesse n’avait plus pour se vêtir recours aux servantes, et on disait qu’elle faisait elle-même son lit par pénitence. Monsieur de Grigny semblait accepter fort bien ce nouveau genre de vie de sa femme ; on eût même pu s’apercevoir qu’il en ressentait l’influence, car, de colère et de brutal qu’il ne se privait pas d’être parfois, il devenait le plus doux et le plus patient des hommes. On remarquait en lui ce changement