Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

– Ce qu’il y avait de plus épouvantable, en cette mort de madame la duchesse de Grigny, fut moins ce que j’ai eu à vous en raconter que ce qui me reste à vous en apprendre, par quelle invention diabolique monsieur le duc de Grigny s’avisa d’accomplir la dernière volonté de sa femme et comment il en tourna le vœu suprême en une monstrueuse comédie. La haine devrait s’arrêter avec la vie de ceux que nous détestons, mais monsieur le duc de Grigny poursuivit jusque dans le tombeau celle à qui il ne pardonnait pas d’avoir voulu venger à sa façon le trépas d’un amant adoré. Il avait à s’acquitter de sa rancune comme il s’était acquitté de sa colère et de sa fureur. Aux coups de fouet dont il avait déchiré la chair coupable et au poison dont il avait usé pour achever sourdement son œuvre il ajouta quelque chose qu’il faut maintenant, monsieur, que je vous dise, mais dont j’aurai peine à vous rendre l’horreur dérisoire et baroque.


M. de Bréot redoubla d’attention et M. Herbou continua ainsi :

– Monsieur le duc fit part hypocritement autour de lui de la volonté de madame la duchesse au sujet de ses funérailles et se déclara résolu à se