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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/191

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et mon étonnement fut grand qu’ils s’entretinssent des petites ruses de leur métier, des querelles et des détails de leur misérable existence, aussi tranquillement que s’ils eussent été alors sous le porche de l’église, leur sébile aux doigts, au lieu d’être mêlés à la singulière aventure qui me valait leur société. Ils n’en dirent pas un mot. Je fis comme eux, et, pendant qu’ils jacassaient de leurs affaires, je me renfonçai muet dans mon coin.


» Plût à Dieu qu’ils fussent demeurés ainsi tout le long du voyage, et je n’aurais pas à vous conter les ordures auxquelles je dus assister et dont je vous passerai tout ce que je pourrai !… Cependant nous avions continué notre chemin : il n’était point bon et souvent de grosses pierres soulevaient les roues du carrosse et nous jetaient les uns contre les autres. Ragoire en profitait pour pincer galamment la Justine qui s’indignait et le repoussait de bourrades. Tout à coup, la file que nous formions s’arrêta net : un des chevaux du chariot funèbre venait de s’abattre et de casser ses traits. La bête, relevée, boita. Le chef des laquais déclara qu’on irait ainsi jusqu’à la première auberge, où l’on tâcherait de se procurer un autre cheval.

» Nous ne tardâmes pas à arriver à un village.