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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/201

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M. Herbou se tut. M. de Bréot l’allait presser d’achever son récit, si M. Herbou ne l’eût repris de lui-même :

– Ce fut dans l’écurie, le mieux conservé de ces bâtiments presque ruinés, que nous dûmes nous accommoder. On avait remisé sous une sorte de hangar le chariot qui supportait le cercueil de madame la duchesse. Si, fort heureusement, la paille que nous donnèrent les gens du hameau était sèche, le pain et le fromage qu’ils nous offrirent ne l’étaient pas moins. Accablé de fatigue, après quelques bouchées, je m’étendis sur le dos, les yeux fermés. Les villageois nous avaient prêté deux grosses lanternes à vitres de corne. Elles éclairaient tant bien que mal l’écurie. Parfois, je rouvrais les yeux. J’apercevais, couchés pêle-mêle, les compagnons de notre étrange équipée. Les laquais ronflaient. Non loin de moi gisait Lucie Robine auprès de Lardois. La Gourmandise, l’Envie, la Colère, la Paresse, la Luxure, l’Avarice dormaient à qui mieux mieux. Justine Le Cras et Jean Guilbert, le bossu, reposaient côte à côte. Mes yeux se clorent de nouveau, mes paupières pesaient sur eux comme du plomb.

» Je ne sais si mon sommeil dura longtemps,