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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/202

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mais je me réveillai à un bruit de paille foulée. Peu après, Jean Guilbert se leva doucement et sortit à pas étouffés. Son ombre bossue grimaça sur le mur et il disparut. Au bout d’un instant, je vis Jacques Ragoire en faire de même, puis tout redevint tranquille. Une petite chauve-souris voleta à la lumière des lanternes. Les chevaux des carrosses frappaient sourdement le sol de leurs sabots. Jean Guilbert et Jacques Ragoire ne revenaient pas. Un certain temps passa ainsi, quand un soupçon me fit tressaillir : sur les genoux, je rampai jusqu’à la porte.

» Au dehors, la nuit était sombre, mais étoilée. Je respirai longuement. Mes yeux s’habituaient peu à peu à l’obscurité. Au bout d’un moment, je distinguai une vague lueur, à l’angle d’un mur, derrière lequel se dressait justement le hangar où se trouvait le cercueil de madame la duchesse. Je me dirigeai lentement de ce côté. L’herbe humide assourdissait le bruit de mes pas. J’en fis encore quelques-uns et je débouchai en pleine lumière, et voici, monsieur, ce que je vis :

» Jean Guilbert, le bossu, une torche à la main, se tenait debout près du cercueil sur lequel Jacques Ragoire posait son pied. Pour disjoindre le couvercle