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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/211

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le tourment affreux et le chagrin continuel que me faisait endurer la privation de madame la duchesse de Grigny. À ces fins, j’adoptai le parti furieux d’être riche, qui est encore le meilleur moyen de venir à bout de ce qu’on veut. Grâce à mon argent, il ne m’est plus arrivé d’aimer sans qu’on voulût bien au moins faire comme si l’on m’aimait. Je ne vous dirai point que cela ne m’a pas coûté cher, mais monsieur Herbou a de quoi fournir à ce que la plus belle demande elle-même et aucune ne s’est mise à si haut prix que je n’aie pu surenchérir sur ce qu’elle croyait valoir.

» C’est de cette façon que j’ai pu ne pas conserver en mon esprit de ces désirs stériles et rebutés qui torturent si cruellement, et que j’ai pu préserver, jusqu’à un âge qui n’est plus celui de la jeunesse, ma bonne humeur et ma bonne mine, encore que parfois il me revienne à la pensée cette aventure que je vous engage à méditer, car elle contient une leçon qui peut ne pas être inutile, bien qu’elle soit pour moi un souvenir sur lequel je préfère du moins ne pas m’appesantir, puisque rien au monde, monsieur, ne peut faire qu’elle n’ait pas été !

Comme M. Herbou finissait de parler et que