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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/227

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de Bercaillé en parut content et continua en ces termes :

– Vous saurez donc, monsieur, que certains événements dont je ne vous parlerai point me nuisirent fort auprès de certaines personnes. On nous passe tout sur nos plaisirs, mais on n’aime point que nous nous occupions des plaisirs des autres et on donne alors à notre complaisance un nom que vous n’ignorez pas. L’affaire de monsieur Le Varlon de Verrigny me fit tort dans le monde. Si j’avais gardé pour moi cette petite Annette Courboin tout aurait été pour le mieux… Enfin… Ajoutez à cela que la bourse de madame la marquise de Preignelay se serrait de plus en plus. Elle accordait petit accueil à mes compositions. Elle déclarait que j’avais l’imagination usée, que j’avais perdu ce feu qui donnait leur lumière à mes écrits. Il est vrai que ma verve s’était fort desséchée. D’ordinaire, j’empruntais à d’humbles mortels les traits dont je parais mes déesses, et la misérable condition où m’avait réduit cette petite servante du Verduron m’empêchait de réchauffer mon esprit à son aliment habituel. Me voici donc dans mon grenier, tout seul, entre mon encrier à sec et mon pot de tisane. Ma santé ne me permettait plus le cabaret. Adieu