Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/228

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les lampées de vin, les pipes de tabac et l’omelette au lard et toute cette débauche où consiste le privilège et comme l’enseigne même des libertins. De l’impiété, il ne me restait que l’impiété elle-même. Qu’est-ce donc qu’un impie qui se couche avec les poules et qui se lève au chant du coq, qui ne s’abandonne ni au péché de la chair, ni à celui de la gueule et qui vit comme le premier pauvre diable venu ? La belle chose, vraiment, que de ne point croire en Dieu, si cela ne s’accompagne pas de toutes les facilités dont les autres se privent dans l’attente d’une seconde vie qui les paiera au centuple de leur contrainte en celle-ci ! C’est une duperie, monsieur, et je me résolus à ne pas être dupe plus longtemps et à sauter le pas, pour de bon !

M. Floreau de Bercaillé fit la mine de quelqu’un qui vient de passer le ruisseau. Il continua :

– Je vous avouerai que je comptais sur ma conversion pour renouveler mon éclat dans le monde. Il me semblait qu’elle devait m’assurer tous les cœurs et me valoir une bienveillance universelle. Ce retour à Dieu ne donnait-il pas à la religion un appui qu’elle ne manquerait pas de me rendre. Quoi de plus propre à augmenter la considération où l’on